Fanny Charrasse
Intérêts de recherche : Chamanisme - Magnétisme - Légitimité - Patrimoine - Science studies - Sociologie de la modernité - Sociologie des professions - Méthode ethnographique - Méthode sociohistorique - Comparatisme.
Fanny Charrasse a rejoint le CASPER en septembre 2022. Elle a obtenu une bourse post-doctorale sur le projet ERC CoachingRituals et est en charge de la scène "santé mentale". Elle a par ailleurs défendu sa thèse en avril 2022, intitulée : " Magies de la modernité. Illégitimité et légitimation du magnétisme en France et du chamanisme au Pérou "
PROJET DE RECHERCHE
- Financement : ERC
- Date de début : 2022
- Résumé : Cette recherche porte sur le mouvement des entendeurs de voix et l’usage de psychédéliques. Bien que le mouvement des entendeurs de voix et l’usage de psychédéliques en psychiatrie semblent avoir que peu de choses à voir, trois des points communs de ces deux configurations rendent leur étude heuristique à l’investigation des nouvelles modalités d’intervention sur autrui : 1) Elles supposent toutes les deux une prise au sérieux de l’expérience des patient·es, et donc une redéfinition des hallucinations (acoustico-verbales dans un cas, et générées par des hallucinogènes dans l’autre) respectivement en tant que « voix entendues » et « révélations de la conscience » ; 2) Elles s’accompagnent toutes les deux d’une critique des outils pharmacologiques conventionnels (neuroleptiques, anxiolytiques, antidépresseurs) et participent d’une redéfinition de l’enjeu du soin : de la guérison au rétablissement ; 3) Elles impliquent une dépathologisation de certains acteur·trices – tels que par exemple les personnes diagnostiquées schizophrènes dans le premier cas – et une pathologisation potentielle de tout un chacun – avec notamment l’idée que les sociétés industrielles modernes sont malades. L'enquête de Fanny Charrasse auprès des psychiatres, psychothérapeutes, psychanalystes, entendeurs de voix, et usagers de psychédéliques est structurées autour de ces différents points communs.
Parcours antérieur
THESE : " Magies de la modernité. Illégitimité et légitimation du magnétisme en France et du chamanisme au Pérou "
- Directeur : Cyril Lemieux (LIER-FYT)
- Financement : bourse doctorale de l'EHESS, France
- Résumé : Longtemps, dans les sociétés industrielles, les pratiques magiques telles que le chamanisme, la voyance, le spiritisme ou le magnétisme ont été disqualifiées, voire réprimées, au motif de leur caractère apparemment inconciliable avec la modernité : fondées sur une ontologie « analogique », elles semblaient vouées à disparaître, en Occident et dans les pays occidentalisés, du fait de la montée en puissance du « naturalisme » – pour reprendre ici les catégories forgées par Philippe Descola. Depuis quelques décennies, cependant, on observe que ces pratiques magico-traditionnelles sont de plus en plus tolérées. Mieux encore : dans certains cas, elles sont encouragées et protégées par des acteur·rice·sinstitutionnel·le·s (comme dans certains hôpitaux ou musées). Pour expliquer ce revirement d’attitude, nombre de chercheur·e·s ont invoqué un changement culturel général. Or, non seulement cette invocation met de côté l’analyse de ce qu’un tel changement doit aux transformations structurelles des sociétés industrielles, mais elle ne conduit que rarement à s’interroger sur la manière dont les pratiques en question ont été transformées.
Ce sont ces transformations que nous étudions dans cette thèse, à partir de deux cas empiriques : le magnétisme en France et le chamanisme dans la région du Lambayeque au Pérou. Reposant sur une méthode comparative, qui combine ethnographie et enquête sociohistorique, notre démarche consiste à analyser l’immense travail social, souvent laissé dans l’ombre, qui a été fourni, ces dernières décennies, afin de conformer ces deux pratiques aux attentes de la modernité industrielle – processus que nous appelons leur modernisation simple et qui passe en particulier par leur professionnalisation et leur marchandisation. Ce faisant, nous montrons que la remise en cause contemporaine des fondements de la société industrielle, à travers la critique de la supériorité qui y est accordée aux savoirs occidentaux (naturalistes) par rapport à ceux ancestraux (analogiques), constitue moins un « retour en arrière » comme l’affirment certain·e·s acteur·rice·s, qu’un pas supplémentaire dans l’accomplissement du projet moderne – qui correspond, en l’occurrence, au passage à une modernisation réflexive. A cette occasion, nous établissons le rôle central que les sciences sociales jouent dans un tel processus, un rôle dont il nous semble important qu’elles prennent davantage conscience.
CONTACT
- Adresse e-mail : fanny.charrasse@uclouvain.be
- Bureau : UCLouvain Saint-Louis Bruxelles, bureau C8 (Bâtiment : 38 Botanique - Niveau : 2 (C))